Le rapport de dépendance entre le spectateur et la télévision.
Image réalisé par Le C.L.I.V.H (Collectif Libre et Informel à Vocation Humaniste) à l'occasion de la semaine sans télé à Agen (47)
La télévision fait partie du quotidien des citoyens des pays industrialisés. En effet, selon une étude, un français passe en moyenne 4heures à regarder son poste de télévision. C'est la moitié de son temps libre, le reste de son temps étant consacré au travail, au sommeil et aux taches ménagères. Pourtant, le fait de regarder la télévision n'est pas considéré comme une activité à part entière. Pour illustrer cette théorie, cette réponse récurrente à la question: «Que fais-tu?» : « rien, je regarde la télé». À l'inverse, à la question «Regardez-vous souvent la télévision?», ils s'empresseront de vous répondre qu'ils ne pratiquent cette activité qu’occasionnellement, comme si celle-ci était honteuse. Mais il suffit d'entamer une conversation avec eux pour, très vite, tomber sur une référence à une série ou une émission qui n'a pas pu leur échapper.
Outre-Atlantique, un concept appelé « TV-TurnoffWeek », qui consiste à éteindre sa télévision pendant une semaine (littéralement « la semaine sans TV »), c'est soldé par des commentaires tels que: «Je ne savais plus quoi faire. » « C'était infernal ! » « Je tournais en rond tel un lion en cage. » « J'étais devenue insupportable comme lorsque j'ai mes règles. ». Un sondage montre pourtant, que les téléspectateurs qualifient la télévision de mauvaise ou d'ennuyeuse et qu'ils préféreraient consacrer leur temps libre à d'autres activités.
Alors pourquoi ne font-ils pas autre chose ? Pourquoi les téléspectateurs s'obstinent à consacrer leur temps libre qui leur est si précieux à une activité qu’ils considèrent comme mauvaise.
Cependant, il faut nuancer ce propos. La télévision peut divertir, amuser, et cultiver de la même manière qu’un livre. Il faut, comme dans une libraire, bien choisir son livre, en l’occurrence son programme. La télévision devient néfaste à partir où son utilisation est prolongée et déraisonnable. On en revient donc à un propre rapport à chacun : la raison. En effet, il appartient à chacun de contrôler le temps passé devant la télé. Quels facteurs physiologiques rentrent en compte lors du choix des programmes du téléspectateur ?
Pour le savoir, Kubey et Csikszentmihalyi ont conduit des études auprès d’individus choisis de manière aléatoire. Les participants, dans leur environnement naturel, étaient munis de «beeper» sonnant sept à huit fois par jour. A leur sonnerie, les participants devaient remplir une grille et cocher parmi les différentes actions standardisées, ce qu’ils étaient en train de faire, et comment ils se sentaient.
Les résultats ont démontrés que les individus regardant la TV se sentaient détendus et passifs. De plus, une seconde étude visant à mesurer l’activité cérébrale des télespectateurs a conduit aux mêmes conclusions : Le cerveau des téléspectateurs est bien moins actif que celui des lecteurs, par exemple.
Ce sentiment de relâchement total et de passivité prend place dès l’allumage de la fameuse boite. C'est pourquoi les individus associent télévision à la relaxation et au repos. C’est alors que le lien entre télévision et drogue s'établit.
Les drogues qui créent une dépendance ont un mode de fonctionnement commun à toutes. Prenons pour exemple un tranquillisant : son effet n’est que relativement bref (comme un téléviseur qu’on éteint) et favorise plus la dépendance car l’individu est conscient de la décroissance de l'effet. De ce fait, le téléspectateur a éprouvé une relative crispation lorsqu'il quitte la télévision. Commence alors le cercle vicieux du manque et du plaisir apporté par la télévision.